SULFATE DE MAGNÉSIUM ET PRÉ-ÉCLAMPSIE SÉVÈRE : INNOCUITÉ EN PRATIQUE COURANTE DANS DES INDICATIONS CIBLÉES - 09/03/08
Objectifs. Évaluer en pratique courante la validité d’un protocole de service concernant les indications, les modalités d’utilisation et l’innocuité du sulfate de magnésium dans les pré-éclampsies sévères.
Matériel et méthodes. Il s’agissait d’une étude rétrospective comparative entre janvier 2000 et décembre 2002, incluant des patientes présentant une pré-éclampsie (hypertension artérielle (HTA) 140 et/ou 90 mmHg et protéinurie 0,3 g/j) sévère (présence d’au moins un signe de gravité parmi les suivants : HTA 170 et/ou 110 mmHg, protéinurie > 3 g/j, signes fonctionnels, réflexes ostéotendineux vifs, oligurie (≪ 500 ml/j), thrombopénie ≪ 100 000/mm³, créatininémie > 100 mmol/l, HELLP syndrome). Nous avons comparé un premier groupe (n = 57) de femmes traitées par sulfate de magnésium (bolus intraveineux de 4,5 g en 20 minutes suivi d’une perfusion de 1,5 g/h) associé ou non à un antihypertenseur, à un second (n = 63) où les patientes n’avaient aucun traitement ou recevaient un antihypertenseur seul. Les comparaisons des critères qualitatifs ont été faites par la méthode du chi 2.
Résultats. Parmi les 57 patientes du groupe 1, le traitement par sulfate de magnésium a été débuté en anté-partum dans 53 cas ou en post-partum immédiat dans 4 cas, associé (25 cas) ou non (32 cas) à un antihypertenseur. Les 63 patientes du groupe 2 n’ont reçu aucun traitement dans 33 cas ou un antihypertenseur dans 30 cas en antepartum. Le diagnostic de pré-éclampsie était plus précoce dans le groupe 1 (p = 0,04). Les réflexes ostéotendineux étaient plus vifs (75,5 % vs 25,5 %) dans le groupe 1 (p = 0,00001). Il n’existait pas de différence significative entre les deux groupes en ce qui concerne les autres critères de gravité. Deux éclampsies sont survenues dans le groupe non traité contre aucune dans le groupe traité. Un cas de surdosage a été diagnostiqué régressant à l’arrêt de la perfusion et une patiente a présenté des effets secondaires liés au sulfate de magnésium.
Conclusion. Sous couvert d’un protocole strict, les indications d’utilisation du sulfate de magnésium dans la pré-éclampsie sévère en pratique courante n’entraînent aucunes dérives apparentes. Le respect du protocole n’a pas entraîné de complications sévères imputables au traitement. Il nous semble que dans des indications bien ciblées, ce traitement peut aisément être utilisé sans crainte d’effets secondaires graves.
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Vol 34 - N° 3-C1
P. 289 - mai 2005 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.